La Routine du 13-12-2012

Laurier Bélanger

Installer et optimiser son SSD
Présentation
Le disque dur magnétique, qui consiste en un ou plusieurs plateaux tournant à grande vitesse (généralement 5 400 ou 7
200 tours/min) parcourus par une ou deux têtes de lecture (une par face utile) chargée de lire la piste magnétique du disque
(de densité variable). Tous ces éléments détermineront la capacité, le débit et les temps d’accès du disque.

Cette conception mécanique peut s’avérer fragile (principalement pour un appareil mobile) aussi certains fabricants ont
récemment tenté de limiter la complexité du disque pour palier à cet inconvénient. Citons ainsi le Samsung Spinpoint F4 320
Gio conçu pour concurrencer les SSD sur les ordinateurs portables et autres netbooks : un seul plateau, une seule tête de
lecture, lecture/écriture sur un demi-plateau seulement afin de réduire les mouvements et les frottements pour une plus
grande fiabilité, des performances accrues et une consommation réduite.
Le SSD, de conception récente et qui, au contraire, ne comporte aucune pièce mécanique. Il est constitué de mémoire
NAND FLASH, c’est à dire de composants électroniques. Aussi, après l’abandon de la disquette et la raréfaction des lecteurs
optiques (CD, DVD, B-RD), le disque dur reste parfois le seul composant mécanique d’un PC là où le SSD se fond
parfaitement au milieu de tous les autres composants de nature purement électronique : barrette de mémoire vive,
microprocesseur, carte mère ou fille :

Vous avez investi dans le seul composant réellement capable de booster une configuration équipée d’un processeur récent.
Silence de fonctionnement,
performances de premier plan, (deux à cinq fois ceux d’un disque dur)
lancement instantané des applications, temps d’accès négligeables (entre 0,05 et 0,1 ms contre une moyenne de 13 ms
pour un disque dur).
faible dégagement thermique,
consommation réduite,
absence de vibration,
Mais aussi un inconvénient : les systèmes d’exploitation actuels doivent être mis à jour pour gérer les SSD, l’écriture de
données sur un SSD étant physiquement très différente de l’écriture de données sur un disque mécanique
Mais voilà, vous avez également acheté le seul composant qui s’use au fil de son utilisation ! Vous avez certainement envie
de le garder le plus longtemps possible…
Deux écoles et une quadrature !
Les SSD utilisent à présent exclusivement des puces de mémoire flash MCL de type NAND. Il s’agit de puces similaires à
celles qui se trouvent dans les clés USB, les systèmes de navigation GPS, les baladeurs MP3, les smartphones, les cartes
mémoires, les APN, etc.
Curieusement, personne ne se retient d’utiliser les capacités de son smartphone de dernière génération alors qu’il est
soumis au même type d’usure qu’un SSD. Du coup, on peut choisir d’utiliser son SSD sans ménagement ou au contraire en
prendre le plus grand soin. Le recul ne permet actuellement pas de savoir si toutes les astuces conseillées un peu partout
sur le net allongent ou non de manière significative la vie normale d’un SSD.
Pour bien comprendre les enjeux des optimisations, mieux vaut savoir comment fonctionne un SSD.
Le SSD se compose de cellules de mémoire qui s’usent au fil des opérations d’écriture et d’effacement.
Le contrôleur du SSD est capable de réguler l’usure en répartissant les écritures sur les cellules. Parfait, non ? Oui, mais en
se penchant sur l’usage d’un SSD, on se rend compte que l’OS et les programmes installés ne « bougeront » jamais.
Une fois installés, ils monopolisent une certaine place sur le SSD et l’espace restant sera utilisé de manière autrement plus
soutenue…
Bien débuter pour mieux trimer !
L’installation physique du SSD dans un ordinateur de bureau ou un portable est un jeu d’enfant. Après avoir installé le SSD, il
est préférable de procéder à l’installation propre d’un système d’exploitation récent. Si cette opération est plus longue et un
peu plus fastidieuse que cloner l’ancien disque dur, elle permet de faire le ménage dans les fichiers et programmes inutiles.
Windows 7 et Windows Vista installent directement un pilote qui prend en charge le TRIM (contrairement à Windows XP). Il
est possible de vérifier que le TRIM est actif en tapant « fsutil behavior query DisableDeleteNotify » dans une Invite de
commandes. Si la réponse est DisableDeleteNotify = 0, le TRIM est bien actif.
A partir d’OS X 10.6.7, le TRIM est pris en charge sur les Mac mais uniquement avec les SSD livrés d’origine par Apple !
Même OS X 10.7 Lion ne gère pas le TRIM pour tous les SSD. Un comble pour l’OS qui se veut le plus avancé au monde ! Il
est cependant possible d’activer le TRIM pour n’importe quel SSD avec le logiciel TRIM enabler (la seule condition étant que
le SSD lui-même prenne en charge la fonction TRIM)…
Mais qu’est donc que ce fameux TRIM ?
Cette fonction permet au système d’exploitation de signaler au SSD quels blocs de données ne sont plus utilisés. Le
contrôleur du SSD peut ainsi les effacer quand il n’est pas sollicité par d’autres activités. L’espace libéré est rendu
préventivement réutilisable.
Sans le TRIM pour signaler les espaces libérables, le SSD les considère comme toujours occupés ! Il emploiera donc de
l’espace inutilisé pour toute nouvelle écriture. Si cet espace fait défaut, le SSD sera alors forcé de faire le ménage, « garbage
collection » dans le jargon. Lancée au moment où le SSD doit écrire des données, cette opération devenue prioritaire
monopolise totalement le contrôleur du SSD. Le système devient lent et peut même saccader.
Il est important de préciser que le TRIM n’est pas spécifique au mode AHCI. Il fonctionne également si le contrôleur est réglé
en IDE. Le TRIM est souvent (injustement) associé au mode AHCI car lors de la sortie des premiers SSD, seuls les pilotes
AHCI incluaient le support du TRIM. Le mode AHCI est cependant vivement conseillé étant donné qu’il apporte d’autres
avantages comme le NCQ…
De toutes les astuces et optimisations possibles, un TRIM fonctionnel est le meilleur gage de longévité pour un SSD !
Récupérer de l’espace avec contrepartie…
Windows dispose d’un certains nombre de fonctions intéressantes mais qui peuvent se révéler pénalisantes pour un SSD,
notamment car elles monopolisent un espace important.
Restauration système : Windows crée des points de restauration, qui sont en quelques sortes des images de l’état du
système à un moment donné. Ces points sont créés lors de l’installation d’un programme ou d’un pilote. Ils permettent de
revenir rapidement et facilement à l’état initial si le programme en question ou le pilote pose des problèmes. Désactiver cette
fonction permet de libérer un espace qui peut être important. Revers de la médaille, si un programme ou un pilote pose
problème, il faut mettre la main dans le cambouis… Le temps perdu à rendre le système fonctionnel peut s’avérer important.
A chacun de juger si se séparer d’un tel parachute en vaut la peine…
Fichier d’échange ou la mémoire virtuelle : Windows crée par défaut un fichier d’échange (le « pagefile.sys » pour le swap)
qui simule de la mémoire si cette dernière venait à manquer. Déplacer ce fichier vers un disque dur est une solution
(impossible avec un portable) mais il est aussi possible de tout simplement désactiver le fichier d’échange. A noter que
désactiver complètement ce fichier d’échange peut conduire à des dysfonctionnements de programmes (mal conçus)
nécessitant quasiment d’office un tel fichier… Un bon compromis consiste à utiliser un fichier dynamique. Il ne sera alors créé
qu’en cas de besoin. Il s’agit du réglage par défaut de Windows pour un SSD.
OS X utilise également un swap mais modifier son comportement nécessite de nombreuses commandes dans le terminal.
Hibernation : Windows crée également un fichier « hiberfil.sys » pour l’hibernation. Pratique sur les ordinateurs portables où
la mise en veille et l’hibernation prolongent l’autonomie, il est moins utile sur un ordinateur de bureau. Il peut être désactivé
avec la commande « powercfg -h off » dans une Invite de commandes.
OS X possède un fichier similaire, le « sleepimage », qui peut être désactivé en passant deux commandes dans le terminal :
sudo pmset -a hibernatemode 0
sudo rm /var/vm/sleepimage
Déplacer des fichiers temporaires : Qu’il s’agisse du dossier temporaire de Windows ou du cache des navigateurs, les
fichiers temporaires causent des écritures inutiles. Déplacer ces fichiers sur un disque dur permet d’économiser des cycles
au SSD. Toutefois, ces fichiers étant souvent de petite taille et leur durée de vie étant courte, le contrôleur du SSD n’a guère
de mal à les loger sur des cellules différentes et ainsi uniformiser l’usure.
Vraiment utile ?
Compte tenu des prix de la mémoire vive, un ordinateur avec 4 Go voire 8 Go est devenu courant. Avec une telle quantité de
mémoire, la désactivation de certains services initialement conseillée avec un SSD perd de l’intérêt.
Le Prefetch et le Superprefecth de Windows mettent en cache dans la mémoire des données et des programmes utilisés
régulièrement. Ce genre d’opération accélère les chargements depuis un disque dur mais depuis un SSD, les gains sont
moindres.
Désactiver le Prefetch et le Superprefecth tient plus de la conservation de mémoire libre que de l’optimisation d’un SSD. Il en
va de même pour Windows Search qui, à l’image de Spotlight dans OS X, crée un fichier index sur le disque. Ce fichier est
partiellement chargé en mémoire pour une recherche plus rapide…
Il est parfois conseillé de désactiver la mise en veille du SSD. Toutefois, étant donné que le SSD est toujours un disque
système, il a rarement l’occasion de rester inactif plus de 20 minutes (temps de mise en veille par défaut).
A ne pas faire !
Il ne faut jamais défragmenter un SSD ! Ce genre d’opération inflige un nombre aussi impressionnant qu’inutile de lectures
mais surtout d’écritures qui useront les cellules. Les performances d’un SSD ne sont pas affectées par la fragmentation des
fichiers comme le sont celles d’un disque classique. La fragmentation est même en quelque sorte bénéfique car elle permet
une usure uniforme des cellules.
Sous OS X, il ne faut pas utiliser l’effacement sécurisé pour un SSD. Celui-ci procèderait à 7x ou 35x passes pour
l’effacement du disque et pour ainsi dire autant de cycles inutiles !
Bien vivre avec son SSD…
Faut-il passer son temps à « tweaker » un OS pour qu’il gère mieux un SSD ? Selon nous, non.
Mais il existe sur le net autant d’articles pour démontrer le contraire. Le TRIM est le meilleur garant d’une bonne durée de vie
et d’une préservation de la « fluidité » engendrée par le SSD. Vérifier qu’il est actif (et l’activer dans le cas contraire) est le
seul point capital, c’est bien le seul point sur lequel tout le monde est d’accord.
Pour profiter pleinement d’un SSD, installez-y l’OS, les programmes et les jeux ainsi que les données (multimédia compris)
que vous utilisez régulièrement afin de profiter des meilleures performances possible.
Evitez cependant d’y stocker à long terme tout et n’importe quoi de volumineux et peu utile ! Vous y serez d’ailleurs un peu
contraint vu la différence de taille entre un disque dur et un SSD. Si le SSD est rempli à ras bord, toutes les opérations de
lecture et écriture nécessaires à l’OS se feront sur un nombre restreint de cellules qui s’useront nettement plus rapidement.
Enfin, il faut également garder à l’esprit que les constructeurs tiennent compte de cette usure des cellules. Ainsi, si un SSD
affiche une capacité de 120 Go (alors qu’il compte effectivement 128 Go), c’est que 8 Go ont été réservés pour pallier l’usure
des cellules.

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